mercredi 26 juin 2019

Faut pas Sancerre

Ma route est noyée d'orages. Il pleut en cataracte. Je vais à Bourges, oeil de mon cyclone.
Je suis heureuse d'y retourner maintenant. J'y viens en coup de vent trois ans après.
Le club était mon arche, je n'y passais que deux fois dans la semaine il est vrai, mais ces 2 heures toujours, arrachées à la piste, éloignaient tout le reste. 
Sinistre année d'une vie entre deux, les pieds dans la vie d'avant et l'âme entière dans une existence à reconstruire entièrement.
Chez moi c'était dehors. Ma maison ne faisait que semblant. Tenir. Pour les enfants. 
Juin est arrivé en arc dans mon ciel bientôt dégagé. Le 28 je partais pour Lyon. Ma nouvelle vie.
Sancerre fut ma dernière course. Et le club presque entier y était. Il faisait un temps radieux. Je me souviens de chaque détail, et pourtant, je ne l'ai jamais raconté. 
Je n'ai pas couru. J'ai déferlé en torrent de gratitude.
L'horizon ruisselle, mes essuies-glace paniquent et les camions que je double m'envoient des geysers. Je suis branchée sur Iyeoka Okoawo. Black coffee. Et je jubile.
Je vais encore courir Sancerre.
Il est difficile de revenir sur une course. La première version est épinglée au coeur. Je me revois, nous y allions entre amis. Plaisanteries sur la route et blague avec Laurent, le brillant, photographe sur la course et j'arrive toute légère sur l'arche du départ et je n'ai d'ambition que de savourer à plein cette dernière.
Aujourd'hui c'est pareil. La soirée fut amicale et le matin aussi. Je n'ai rien préparé mais je sors de Sarra, et je me dis que certes, je n'ai pas trop bossé, mais que cette expérience suffira à me servir sur les 35 km et quelques 1000 de dénivelé, un rien, une boutade, 3h30 à tout casser et encore, si je suis fatiguée !
Les minutes avant le départ sont un festival. Je ne cesse de rencontrer le monde ami ou connaissance ; comment ça va Sophie, et comme une fille qui revient au pays je m'anime et m'enchante d'un bonjour et d'un salut, j'embrasse à la volée et je ne me fais pas prier pour m'aligner juste devant et quand le chant du grand départ pousse un peu plus les décibels un rayon de soleil vient chauffer les visages.
Etonnante Sancerre. C'est un petit joyaux, bien plus humble que sa jumelle Vézelay à moins de cent kilomètres plus à l'est mais tout aussi charmante et riche de son sol. De sa terre rocailleuse nait un vin onctueux. Le Sancerre ne cesse de se bonifier et l'âme ici vient des Hommes. La tour des Fiefs en haut du piton veille depuis plus de cinq siècles sur les maisons basses qui abritent les caves et sur un tapis de collines bleues quadrillées de céladon. On le dirait presque plat le Sancerrois. Des ondulations à peine et la Loire qui fait déborder son lit calcaire loin jusqu'au pied des vignes. De la haut on se dit que les quelques bosses seront vite passées et que la promenade sera fluide et aisée.
Il faut courir Sancerre pour comprendre la rudesse des pays de la vigne. Il y fait ruste et soif, et c'est absurde pourtant, mais de cette aridité là nait un vin généreux et fruité. 
En cette après-midi j'ai la tête à la fête. Après la course il y aura le repas partagé. Le ballon de Caillottes sur bouchée de Chavignol les amis retrouvés, trois années à se raconter. Et le buffet en soirée qui promet d'être dansant joyeux et animé. 
Je ne perçois pas ma fatigue cumulée et je ne vois pas non plus le relief mouvementé. La pierre en silex torpille les appuis. Sur certains versants, Sancerre est un contraste, le chemin de grillottes, cette pierre presque friable trace des lignes calcaires entre les serments bas et poudre la chaussure et assèche la gorge. Entre deux mamelons le chemin coule dans un sillon boisé. Il retient toute la pluie tombée dans la semaine et si la vigne est sèche à s'en déshydrater, la forêt retient l'ombre et dans la venelle la terre épaisse et grasse enrobe les chaussures.
Je fatigue très vite. Et je ne comprends pas. Je pensais être en forme et je ne le suis pas.
Dans la tête ça bataille. Moi qui était si crâne. Je ne cesse de comparer, et qu'il est difficile de se revoir là, précisément et trois ans avant, si légère et frondeuse. Je n'avais rien vu pourtant. Les sourires c'est tout et ce nombre incalculable d'encouragements et d'ovations. Je revis mon premier Sancerre, cette incroyable course sous un soleil de plomb et une lumière tranchante. Une course à la vie, un don, une signature. Courir à ce moment là voulait dire je vous aime. Vous. Tous, les amis du club, vous qui m'avez portée. Je me revois à dix kilomètres de course, réaliser que je suis troisième. Me faire doubler dans la rocaille, dépasser sur la première pente, perdre à nouveau, doubler encore. Courir au podium. Je crois qu'il faut le vivre pour comprendre combien c'est exaltant. Vingt kilomètres de batailles. Pierraille, montées harassantes ne pas s'arrêter courir toujours, et le souffle derrière qui pousse et c'est un jeu, contourner le piton, percevoir la clameur. Sancerre s'époumone et sous la lumière floue d'une fin de journée de grosse chaleur en 3 heures 40 de poursuite harassante, arracher sur le fil une inespérée troisième place.
Comment ne pas penser. Je force la foulée et me fatigue plus. J'ai envie d'arrêter et je me sens minable. Je suis partie devant et bien évidement, les amis doublent et ça rafale d'encouragements mous de boutades amicales bon sang qu'est-ce-que je fais là !?
Je prends mon temps sur le ravitaillement. Il m'en faudrait bien peu pour que je reste là. Mais l'ambiance est joyeuse et ils sont merveilleux. Sancerre est un festival, le pays entier coopère et comme au carnaval ils sont tous déguisés et chantent et s'époumonent juste pour nous célébrer.
Alors c'est décidé. Je prends mon temps c'est tout. Je laisse passer la fronde et je regarde la foule. J'encourage à mon tour, j'avance par saccades. Je cours si j'ai envie et je parle et rigole. Parfois je force un peu, parce que c'est un plaisir mais j'analyse un à un les atouts de cette course, des gens qui la composent et puis des paysages.
La lumière est sublime. Un camaïeu d'orage habille les collines et les blés sont bleus entre les sarments de vigne. Un rayon de soleil perce parfois les nuages et auréole d'or un coteau tout entier. La pierre entre les vignes se poudre d'étincelles et les rangées d'échalas miroitent en rangs serrés.
Je marche sur les pentes et une gentille dame me lance allègrement Bravo bravo madame, vous êtes au moins vingtième ! Je rigole et remercie, si tu savais madame ! Mille fois oui merci, pour votre bonne humeur elle est si transmissive !
L'émotion me reprend dans la difficile pente. Celle du casse cou qui monte au village. Je les entends. Eric, Valérie et Muriel. Ils m'attendent bien-sûr. Ils me lisent à coeur ouvert ces amis là et savent que je suis déçue. L'émotion comme souvent fait venir la crise et je dois me fermer pour faire passer l'asthme qui m'oppresse et m'asphyxie. Je suis habituée maintenant. Ce n'est plus une surprise ; à la moindre émotion, liée à un effort long, je suis comme un poisson qu'on balance sur la grève, j'expire la bouche ouverte.
J'étais trop fatiguée j'étais trop trop fatiguée. Je me cherche une excuse mais je n'étais pas prête c'est tout. Eric me réconforte, il a raison c'est vrai, on ne peut pas toujours courir chez les premiers.
Sur l'esplanade en fête on remet les trophées. Bravo bravo les têtes ! Et moi j'y reviendrai, je ne vais pas m'en faire !
On prend un verre de vin servi avec le chèvre et on récupère chacun une bouteille.
Si certains coureurs repartent, nous avons réservé une entrée au buffet servi pour les coureurs et pour les proches. Le concept est extra et le repas est bon servi bien entendu de Sancerre à volonté ! Il y a trois ans je me rappelle j'étais abasourdie, totalement assommée par la lutte du jour et par le grand soleil pris en plein la figure. Mais tout cela est passé et je suis là pour rire. Le jour se prolonge très tard dans la nuit par une grande tablée, certains de mes amis et beaucoup de vin, c'est vrai, et presque autant d'heures à danser et chanter que de temps dépensé sur ces rudes sentiers.
10 minutes de fanfaronnade avant la grosse douche :)
Trail de Sancerre
Magnum
Juin 2016 : 35 km 1200 D+ 3h45 / 3 eme F
juin 2019 : 35 km 1000 D+ 3h 55 / 19 eme F

Merci Merci Valérie pour ton accueil et ta précieuse amitié !

Equipement Terre de Running 
Chaussures Peregrin Iso Saucony (en promo actuellement sur TDR)

Prochain objectif - que je vais travailler un peu plus à la faveur de l'été... 
100 km de Millau
A suivre courant juillet sur Terre de runners (clic)



mercredi 12 juin 2019

Terre de runneuse

Ils m'ont d'abord fait monter sur un tapis.
Chez Terre de running. Sur un truc de feignasse indoor.
Moi. Courir sur un tapis. La seule image que j'avais de cette bécane à foulée artificielle c'est celle visionnée dans le bêtisier du best of du web avec le mec qui se fait catapulter pile au moment où la pépée peroxydée du club occupe son champ de vision.
Je fais des manières, je rigole un peu non mais je dis je sais pas courir sur ce truc mais je me laisse séduire par un détail.
La camera. Focus sur les pieds.
Sauf que avant il y a la balance. Pardon. La Feetbox.
Qui te calcule le QI de tes orteils le galbe de tes hanches la densité de tes mollets.
Et. La mesure du pied. Des pieds. Si comme moi tu es dissymétrique. Cerveau droit -intuitive emphatique spontanée curieuse et motivée, manque total de logique, sein plus lourd, pied plus long. Raccord au caractère. Rien à signaler.
Et aussi la posture. Je peux donc vous annoncer que je pèse autant du pied droit que du pied gauche que mes jambes sont alignées et que mon ongle du gros orteil gauche n'a toujours pas été retrouvé.
Il n'empêche. Je suis bluffée. Précis. Efficace. En un coup d'oeil je mesure ma posture. Universelle. Zéro originalité. Conformisme quantifié.
La toute première fois que j'ai couru, il y a bientôt 8 ans maintenant, j'avais pioché au hasard une chaussure moyenne gamme de la tête de gondole de l'hyper. Je me souviens y avoir glissé la puce - la grosse puce du genre à avoir gobé un boulard - de chez NiKeplus et puis comme ça me faisait une tubérosité des plus contrariantes sous le pied, avoir creusé une béance à l'Opinel dans la semelle pour y reloger l'intrus électro-Nike. La fois d'après j'ai acheté tout exprès la chaussure avec le trou tout fait. Autant dire que amorti supination pronation c'était du Serbo-Croate dans le texte.
N'empêche qu'on a couru, ma puce et moi, notre premier marathon dans le flow. Tout le long.
Je me dis après-coup que j'ai eu de la chance. J'ai acheté ensuite des chaussures chez un pro, parce que ça faisait sérieux. Ma première paire sérieuse était sérieuse mais lourde. Un jour un gars de passage me dit tu sais tes chaussures sérieuses elle sont lourdes. Si tu prends des chaussures sérieuses mais légères tu vas gagner deux minutes par chaussure au marathon.
Vendu. C'est là que j'ai basculé athlétos je crois.
Les nouvelles chaussures étaient légères, ça oui...j'ai fait 321 bornes avec avant de me vriller les lombaires. J'ai trouvé que ça faisait cher la passe à Boulogne tout de même.
La paire suivante je l'ai prise parce-qu'elle était d'un joli bleu et très bien soldée. Ce qui ne gâche en rien le joli bleu. Et il se trouve que j'y étais bien et que longtemps après j'y étais encore bien. La semelle s'est délitée à plus de mille bornes, bien avant mes lombaires et j'ai décidé que nous étions faites l'une pour l'autre.
Autant dire que la Feetbox je lui ai trouvé un air de rivale pas très fiable au début. Je lui ai dit au gars. Mes routières et moi-même on est les deux orteils des doigts de la main. 
Il a pas insisté. Il a dit okay, elles sont faites pour toi. C'est prouvé. N'empêche. Il m'a fallu 5 paires foireuses pour arriver à trouver mon amorti-soeur mon gars. Feetbox moi même.
Donc lui et sa boite. En cinq secondes. Ils me sortent pile la bonne chaussure. 
J'avoue. Efficace.
C'est là qu'arrive le tapis. Avec sa caméra embarquée. Celle-là même que j'avais remarquée.
C'était quand même facile le coup de la routière. Je dis trouve-moi des chaussures de trails. J'expose le cahier des charges : tenue, grip, amorti, dynamisme, aérée aérienne et assortie à mon vernis. 
J'ai dû me montrer un peu pontifiante. Je monte sur le bazar et il me dit comme ça sans préliminaire : médio-pied. Va falloir bosser.
Bim. Autoconfrontation. Video, analyse, restitution, conclusion. Ça triche pas.
En un temps aussi concis que celui qu'il m'a fallu pour boucler ma première danse sur les 12 heures de la Sarra (clic) le gars m'analyse de pied en cape (c'est comme une analyse tout partout des orteils à la tête mais en wonder rapide) et pond 3 boites de grolles idéales. 
Profil accrocheur, mesh élégant, souple, dynamique.
La chaussure. Pas le gars - faut voir à faire connaissance ( ça c'est le concept buddybox - Hey, un truc à creuser ! Fermez la parenthèse )
Il me fait tout de même le grand déballage. Je me laisse séduire. Je les veux toutes.
En trail c'est simple. J'ai toujours couru avec la même chaussure. Enfin, le reconduit. Parce-que j'avais gagné une paire sur une course, alors après j'ai réitéré. Mais je n'ai jamais été totalement satisfaite. Du moment que l'accroche est bonne, je m'en contente. Je m'y prends toujours à la dernière minute, du coup je ne prends pas de risque. Une semelle qui accroche. Critère numéro un. Mais qui ne dérape pas sur portion de bitume. Critère numéro deux. Etroite mais pas contraignante. Critère numéro trois.
Je débagoule mes histoires de chemin ; ce que veux courir, ce que j'imagine courir ce que je cours vraiment. On palabre on soupèse j'essaie.
Le discours est franc direct. Le gars sait ce qu'il vend et pourquoi il choisit un modèle et pas un autre. C'est ciblé, analysé, prouvé. Les seules décisions que je dois prendre se portent sur la couleur (assortie au vernis, tu suis) et sur l'aisance que je m'accorde (pour préserver l'ongle de l'orteil droit que je n'ai pas encore égaré. Tu suis.)
Je cours depuis 8 ans. Jamais je n'avais pris de temps pour l'analyse de ma foulée. Pour me poser les bonnes questions sur ce que devait être une bonne chaussure pour moi. J'ai eu beaucoup de chance de ne jamais me blesser. Il se trouve que je suis légère et que j'ai une foulée naturelle équilibrée. Ce n'est pas le cas de tout le monde. Les magasins Terre de Running sont tous équipés de la technologie Feetbox et d'un tapis de course dédié à l'analyse complète de la foulée. Un matériel de pointe livré avec le conseiller ad-hoc. Et dans le doute, pas de panique, la communauté Terre de running organise très régulièrement des tests matériel et chaussures. 
Plus d'excuse.

Terre de running (clic)
N'hésitez-pas à vous rapprocher de l'un des 22 magasins pour y demander conseils et plannings des tests et entrainements. All free !





 

Les élues : Peregrine iso. Saucony
Test sur le terrain. Sancerre. Magnum. J moins 2.
Terre de running de copains et de bon vin :)